À l’honorable député Guy Sarius Sagna

Loin de moi toute connivence ou affinité avec l’ancien Président dont j’ai combattu la ligne politique avec fermeté et constance. Mais en toute lucidité, je m’interroge : quelle est la véritable nature de votre démarche, honorable collègue ? Est-ce un coup de bluff ou un coup de poker ? Une stratégie mûrie pour la justice ou une mise en scène de plus dans l’arène politicienne ?
Deux hypothèses perturbent mon esprit.
Et si, au fond, vous étiez le dernier à croire encore à ce projet chimérique d’un Sénégal souverain, rêvé par votre mentor, cet homme auteur du livre Solutions, dont les solutions semblent différées à l’horizon 2050 ? Peut-être, ayant réalisé trop tard que vous avez été dupé, vous vous acharnez à nous convaincre que vous êtes le chevalier des causes justes. Mais la vérité, c’est peut-être que le Sénégal n’est plus votre véritable cause. Votre combat semble désormais dicté par une quête égoïste de reconnaissance et de pouvoir personnel. Coup de théâtre à l’Assemblée ou tragédie pour votre parti, quand il découvrira que vous n’êtes ni stratège ni soldat, mais un chevalier solitaire ou un fou suicidaire, galvanisé par une illusion de gloire éphémère.
Croyez-moi, votre duperie ne passera pas.
Mais poursuivons ce scénario : imaginons la colère de Sonko, cet homme qui ne tolère ni résistance ni contradiction. Que feront alors les « députés » de l’Assemblée ? Enterreront-ils votre projet pour vice de procédure ou lui donneront-ils un vernis juridique par une loi interprétative ? J’en souris déjà.
Ou bien… Peut-être êtes-vous réellement le mandataire volontaire d’un projet de loi machiavélique, dicté par un homme qui manipule avec brio et trahit sans sourciller. Un homme pour qui la parole donnée n’est ni valeur ni boussole. Dans ce cas, chapeau ! Car c’est un véritable coup de maître signé par celui qui a toujours crié être le maître du jeu. Je l’ai vu jouer ce rôle de patient affaibli, d’opposant persécuté jusqu’à redevenir stratège impitoyable.
Alors je vous pose ces questions, et je vous les pose avec toute la gravité de l’engagement politique :
Étiez-vous vraiment celui que j’ai défendu au nom de la justice ?
Celui en qui j’ai placé un espoir sincère ?
Celui que le Sénégal croyait pouvoir compter parmi ses défenseurs intègres ?
Ou n’étiez-vous qu’un rôle de plus dans ce théâtre d’ombres ?
« Il arrive que les révolutions dévorent leurs enfants. Mais il est des enfants qui naissent déjà porteurs de trahison. »
À vous de choisir dans quel camp l’Histoire vous rangera, honorable.

Et à vous, ancien président Macky Sall, permettez-moi cette ironie finale :
Vous aviez le choix de confier le destin du Sénégal à Khalifa Ababacar Sall et Barthélémy Toye Dias. Vous avez préféré tourner le dos au dialogue pour conclure un deal avec Diomaye et Sonko.
Eh bien maintenant sachez que :
Warkat du Bagnkat, deugue dou deugou, até Yalla rekk mo woor.
C’est entre vous.

Bernadette Sambou Saivet