CRISE A LA SENELEC : Le Duo Bitèye-Aïdara, au cœur de la bamboula !
Depuis quelques temps, les coupures qui étaient devenues un mauvais souvenir, sont revenus en force au Sénégal. La preuve que quelque chose ne tourne plus rond dans la machine Senelec. Et c’est le spectre d’un arrêt généralisé du système de fourniture d’électricité du Sénégal que le directeur Général, Papa Mademba Bitèye, et le syndicaliste et non moins secrétaire général du Sutelec, Habib Aïdara, qui est mis en branle pour tirer la sonnette d’alarme. Brandir la liste de sociétés publiques et d’autres structures privées qui ne se seraient pas acquittées de leurs factures, c’est le procédé qu’a choisi Habib Aïdara pour pousser celles-ci à passer à la caisse. Une posture révélatrice d’un mode de gestion très cavalier pour une société aussi stratégique que la Senelec. Car en réalité, derrière le syndicaliste se cache le directeur général Bitèye. Une posture qui est presque devenue une règle dans la gouvernance Bitèye. Voir les syndicalistes prendre en charge la plupart des combats de la société, est devenu une règle.
Il y a d’abord eu cette polémique avec l’Aibd par le biais de son DG Doudou Ka qui a démenti devoir de l’argent à la Senelec avec une précision selon laquelle, c’est limak-Aibd qui aurait des factures impayées. Puis, c’est autour de Aïdra de monter au créneau sur la RFM, le mercredi 17 Août, pour déclarer ceci : « les fournisseurs, ce sont les producteurs indépendants qui nous fournissent des énergies et qui sont restés des mois sans être payés. Ils ont envoyé des lettres de mise en demeure à la Senelec et si Senelec ne paye pas, ils vont suspendre la fourniture. Si on en est arrivé à cette situation, c’est parce que la Senelec a des problèmes de recouvrement auprès de l’administration centrale, auprès des agences autonomes comme l’Apix, l’Ageroute, l’Agetip, Lonase, limak-Aibd, RTS. Ce sont des structures autonomes qui doivent énormément d’argent à la Senelec
Une sortie qui sera suivie d’un démenti émanant d’un communiqué de la RTS, citée parmi les mauvais payeurs, et qui se défend de devoir quelque facture impayée que soit à la Senelec.
Dans le discours du très médiatisé syndicaliste, l’on a bien compris que l’entreprise nationale a du mal à honorer ses engagements vis-à-vis de ses fournisseurs et cherche actuellement 100 milliards de francs CFA, avec le risque de voir un black-out se produire dans tout le pays et dans les prochains jours. Autrement dit, que la distribution normale de courant au Sénégal pourrait être arrêtée à tout moment. Une manière de préparer l’opinion, en vue de se dédouaner au cas où cela se produirait.
Plus 100 milliards de Fcfa dus aux banques et aux fournisseurs par la Senelec
A écouter le syndicaliste Aïdara menacer de la sorte, l’on ne peut qu’être étonnés car le phénomène des factures impayées, est loin d’être une nouveauté pour la Senelec et les directeurs généraux qui s’y sont succédés. Tous les fournisseurs de l’Etat aussi connaissent le même sort.
Mais ce qui est somme toute curieux dans cette affaire, c’est le fait, selon des sources, « qu’une partie du personnel commercial de Senelec, à qui est dédié le rôle du recouvrement, reçoive des primes, mais peine à recouvrer les montants dus par toutes ces sociétés à gestion privée comme Limak-Aibd Suma ? ». Ce qui les laisse perplexes quant à l’utilité et l’efficacité du recouvrement.
Une chose qu’on ne dit toutefois pas clairement, c’est que les entités publiques citées, ne doivent même pas 3 milliards à la Senelec.
Une sortie de Habib Aidara qui n’est rien d’autre que de la manipulation et un subterfuge utilisé pour masquer la gestion chaotique de Pape Mademba Bitèye.
Sur la menace de black-out par exemple, rappelons qu’un arrêt généralisé de la fourniture d’électricité a eu lieu, le 19 juin 2022. Ce qui revient à dire qu’il n y a nul besoin de factures impayées pour que cela se produise. Ce qui cache sans aucun doute, des problèmes de mangement aigus. D’ailleurs, à l’époque, la centrale construite sur le barrage de Manantali avait été pointée du doigt. Sauf qu’elle n’avait aucune responsabilité dans ce qui est arrivé.
La centrale de Manantali est en effet cette centrale partagée par le Sénégal, le Mali et la Mauritanie et fournit de l’énergie hydro-électrique aux 3 états. La vérité est que Manantali avait suspendu sa liaison avec le Sénégal, à un moment où elle devait faire la maintenance de son réseau. Une information qu’elle avait pourtant transmise plus d’un mois à l’avance à Senelec, avec des réunions avec la direction générale de la Senelec et ses équipes techniques, afin qu’elle prenne ses dispositions. Mais cette dernière, pour cause de mauvaise planification de ses différentes sources d’alimentation (centrale au fuel, centrale à charbon, centrales solaires, etc), n’avait malheureusement pas pu anticiper et gérer la situation, de telle sorte que toute la fourniture d’électricité dans le Sénégal tout entier, avait été interrompue.
Ce qu’on ne nous dit pas aussi, c’est que la Senelec doit plus de 100 milliards aux banques et à ses nombreux prestataires. Elle se trouve ainsi dans l’impossibilité de faire face à la plupart de ses engagements. Des fournisseurs dont des sources internes, assurent que le nombre aurait curieusement augmenté et atteint un peu plus de 300, avec dans le lot une majorité de prestataires non qualifiés pour les missions qu’ils effectuent. L’on signale également, les mauvaises habitudes qui ont repris avec des employés qui ont créé des sociétés ou groupements d’intérêt économique et sont devenus eux aussi, des prestataires de la société.
Derrière cet écran de fumée, se cache en réalité un gros mensonge qui consiste à faire croire que la cause des problèmes de l’entreprise ne serait en réalité liée qu’à ces structures qui lui doivent de l’argent, alors que c’est plutôt la gestion cavalière et désinvolte de la société qui est en cause.
2 immeubles achetés respectivement à 8,5 milliards et 1,5 milliard
Les actes posés par Pape Mademba Bitèye laissent en tout cas croire qu’il s’amuse avec l’argent de la Senelec, tant les opérations financières qu’il réalise, laissent songeurs quant à leur opportunité. Comme par exemple l’achat de ces deux immeubles.
Le premier se trouve à Keur Gorgui et a coûté 8,5 milliards à la Senelec, en plus de 1 milliard dépensé dans les travaux de finition. C’est d’ailleurs dans cet immeuble qu’a déménagé l’agence principale de Sacré-Cœur dirigée par le syndicaliste Habib Aïdara, lui-même bombardé chef d’agence principale par Papa Mademba Bitèye.
Quant au second immeuble, il est situé à Mbao et a coûté 1,5 milliard et ses travaux de finition ont nécessité 500 millions.
Et pour acquérir ces deux immeubles, le directeur général de la Senelec a dû emprunter 10 milliards auprès des banques commerciales.
Ce qui est toutefois loin d’être compréhensible, c’est le fait que la Senelec possède déjà 3 terrains en ville et 1 terrain aux Maristes qu’il pouvait bien construire avec moins d’argent que ces acquisitions qui plombent davantage la boite. Difficile en effet de savoir pourquoi elle n’a pas construit sur ces terrains afin de soulager la trésorerie de la Senelec contre la pression des loyers excessifs et utiliser le reste des locaux en ville pour des locations sous forme de plateaux.
Dotation de carburant en hausse, prime minimum d’un million, augmentation de salaires de 15%, contrats spéciaux pour des retraités, etc
Là n’est pas le seul problème. Avec Bitèye, il faut acheter la paix sociale et s’assurer une gestion tranquille. Le syndicaliste Habib Aidara est à la manœuvre. L’option est dès lors d’octroyer des avantages aux salariés, quand bien même ils sont loin d’être supportables par la société. Les employés de Senelec ont évidemment le droit de bénéficier d’avantages, mais ce qui est critique dans la manière de faire, c’est bien le fait que la boite ne soit pas en mesure de supporter toutes ces charges sur son dos.
Derrière cette sortie médiatique qui n’est en réalité que de la manipulation, se cache une gestion hasardeuse, pour ne pas dire approximative, faite d’avantages accordés aux salariés avec des primes de pas moins d’un million pour les plus petits bénéficiaires, de plafonds de montants dédiés à l’achat de véhicules de fonction relevés et de volumes de dotations de carburant augmentés. Bref une vraie bamboula pour une société qui a annoncé des bénéfices de 41 milliards et qui peine à payer ses salaires et ses primes (10% des 41 milliards auraient été distribués), si ce n’est par la voie du recours aux emprunts bancaires, avec toutefois une atteinte du plafond de découvert autorisé. Une situation qui a d’ailleurs poussé l’entreprise à ouvrir des comptes dans toutes les nouvelles banques afin de pouvoir s’endetter, encore et encore. Même pour payer ses salaires, elle est obligée d’utiliser le même procédé de découvert. La conséquence est sans appel. Senelec se retrouve avec une trésorerie exsangue.
Une autre conséquence, celle-ci encore plus fâcheuse, c’est le fait qu’elle se retrouve dans une situation telle que les banques encaissent tout le cash issu des ventes de Woyofal afin de rentrer dans leurs fonds.
Ce ne sont pas seulement les primes à la discrétion du Directeur général qui sont en cause dans cette gestion. En effet, si on en croit des sources, ce sont aussi les sursalaires payés et soumis à la discrétion du seul DG, les plafonds des cars plans et les dotations de carburant qui ont explosé.
S’agissant du plafond des montants dédiés à l’achat de véhicules de fonction par exemple, il a été relevé à 40 millions. A noter qu’il était initialement de 30 millions pour la catégorie des directeurs, avec une participation des bénéficiaires à hauteur de 10%, les 90% étant à la charge de Senelec ; les chefs de département bénéficient d’un montant de 25 millions en étant initialement de 20 millions ; les chefs de service, eux, passent de 15 à 20 millions ; les cadres simples, de 13 à 15 millions.