L’histoire économique et politique du Sénégal depuis les indépendances peut se résumer en trois périodes. 

Sénégal: 1960-2024: 64 ans d’indépendance

L’histoire économique et politique du Sénégal depuis les indépendances peut se résumer en trois périodes.

La période allant de 1960 à 2000, avec le régime socialiste, sous les présidents Senghor et Diouf, durant laquelle l’économie était basée sur une intervention directe de l’Etat dans l’économie nationale.

La doctrine Senghor et Diouf a mis l’accent sur l’édification d’une société purement socialiste fondée sur les valeurs communautaires traditionnelles, le développement du mouvement coopératif et le regroupement des villages en communautés rurales dotées de l’autonomie administrative.

Le nouvel Etat s’occupait principalement de l’agriculture et du commerce de produits agricoles au détriment du secteur industriel.

Après l’effondrement de l’économie rurale, il fallait un changement de paradigme. Notre pays était lourdement endetté auprès des institutions de Brettons Woods, le FMI et la Banque mondiale.

Ces institutions obligent le Sénégal à rompre avec son modèle de développement économique. C’est ainsi que les programmes des ajustements structurels des bailleurs de fonds nous ont été imposés avec des conséquences désastreuses.

La période allant de 2000 à 2012.

En 2000, c’est la première alternance politique du Sénégal avec l’arrivée du libéral Abdoulaye Wade après 26 ans d’opposant politique. Il succède à Abdou Diouf, après 40 ans de règne sans partage du parti socialiste sénégalais.

Ce nouveau régime va adopter une structure économique libérale. En matière économique, le libéralisme est une doctrine qui défend la libre entreprise et la liberté du marché.

La vision libérale de Wade était une économie ouverte sur les pays arabes et l’Asie, mais surtout aux pétrodollars du Golf (Arabie Saoudite, Émirats arabes unis, Iran) et aux fonds des pays du Sud-Est asiatique en l’occurence la Chine et l’Inde.

Tout en restant fidèle au triangle traditionnel c’est-à-dire l’Union européenne, la Banque mondiale ou le FMI, l’économie sénégalaise sous l’ére de Wade avait continué à coopérer avec ses partenaires occidentaux pour les besoins de sa politique de gestion de la demande et à traiter avec les pays arabes du Golf et ceux du Sud-Est asiatique pour sa politique d’investissements et de grands travaux.

Une nouvelle classe d’investisseurs privés étrangers et nationaux voit le jour, en lieu et place de la bourgeoisie compradore voulue et entretenue du temps du régime socialiste, par Senghor et Diouf.

La période allant de 2012 à 2024.

Le 25 mars 2012, le Sénégal réalisa une seconde alternance politique avec Macky Sall à la tête de notre pays.

Le successeur de Wade empruntant la doctrine libérale de son maître, comptait relever les défis en misant sur une gouvernance sobre et efficace. Il s’appuyait sur deux projets de société phares: le « Yoonu Yokkkute » d’abord et ensuite le Plan Sénégal Emergent (PSE).

Ces projets lui ont permis des réalisations énormes. Son bilan restera marqué par des investissements massifs dans les infrastructures de haut niveau: Bus rapide Transit Guediawaye-Dakar, Train express régional Dakar-AIBD, Stade Abdoulaye Wade, Autoroute Ila Touba, construction des ponts et ports etc. Macky Sall a su faire ses preuves en matière de gouvernance infrastructurelle.

Sa visibilité sur la scène internationale a laissé des marques en ce qui concerne la diplomatie sénégalaise.

L’histoire politique et économique du Sénégal depuis l’indépendance plonge aujourd’hui notre pays dans une situation peu confortable. Nous sommes toujours à bord du wagon international de la pauvreté et les inégalités sociales s’accroissent malgré les diverses mesures mises en œuvre par les différents régimes pour les éradiquer.

Quarante années de gestion socialiste, vingt quatre années de gestion libérale n’ont pas permis au Sénégal d’emprunter le chemin de l’émergence.

Le successeur des régimes précédents, Bassirou Diomaye Faye avec son projet de société, se positionne comme l’espoir de demain avec une idéologie pragmatique différente du socialisme, du libéralisme et du communisme.

Bassirou Diomaye Faye fraîchement élu cinquième président du Sénégal pour la troisième alternative politique prône la nécessité de trouver de nouvelles voies de développement économique et social plus efficaces que ses prédécesseurs.

Une chose est sûre et certaine. L’accumulation des frustrations des Sénégalais avec les différents régimes depuis l’indépendance, la liberté de la presse, le développement des réseaux sociaux, et surtout la maturité des Sénégalais qui s’intéressent de plus en plus aux affaires de la Cité constituent un grand danger pour le Président Bassirou Diomaye Faye et son Gouvernement.

Désormais, aucune erreur ne sera pardonnée par le peuple dans la gestion des affaires du pays. Le nouveau régime est dans l’obligation de faire mieux que les autres.

Par ailleurs, il faut rappeler que le développement d’un pays a des réalités que le populisme ignore nullement.

Le développement d’une nation ne se négocie pas du tout, il se pense, il se veut, il se met en œuvre et il se dit aussi.

Ce développement ne s’affirme que lorsqu’il est autocentré et puissamment piloté par une volonté nationale forte, éclairée et légitime, avec évidemment une ouverture fructueuse c’est à dire un partenariat équilibré au niveau mondial.

Le travail, le civisme, la rigueur et la discipline sont les clés du développement avec lesquelles les grandes nations se sont bâties.

Le bavardage, la violence, la haine, le nationalisme et le populisme ne peuvent nullement avancer nos nations.

Bonne fête de l’indépendance mes chers compatriotes. Que Dieu bénisse le Sénégal et l’Afrique.

Souleymane Jules Sokome

Juriste et politologue