Uemoa-inflation galopante : un défi fondamental à relever !
Le premier ministre du Sénégal, Amadou Ba a présidé hier jeudi, à Dakar l’ouverture du symposium marquant le soixantième anniversaire de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest. A cette occasion, il a insisté sur la nécessité de la Banque centrale à prendre compte la dimension inflation qui risque de saper les efforts de croissance des Etats de cette Union.
Devant une assistance remarquable de gouverneurs, vice-gouverneurs d’Afrique et d’Europe, d’experts, d’universitaires, de banquiers, et financiers, d’opérateurs économiques et autres, le premier ministre du Sénégal, Amadou Ba, a adressé le message du chef de l’Etat. Prenant la parole, il a d’emblée précisé qu’il lit le message personnel du président Macky Sall, à travers lequel il invite la Banque centrale (Bc) à prendre bras le corps la question de l’inflation qui sape la dynamique de croissance des Etats respectifs de l’Union monétaire ouest africaine (Umoa).
« Dans un contexte où les Etats et les Bceao sont confrontés à un des défis de plus en plus complexes, l’inflation galopante constitue le principal facteur d’incertitude sur les perspectives économiques mondiales, il s’agit d’une préoccupation majeure puisqu’elle érode le pouvoir d’achat des ménages et créé un surcoût pour l’investissement », a-t-il relevé.
Pour la Bceao dont le mandat reste essentiellement lié au maintien de la stabilité des prix. « Ce défi fondamental doit être relevé », a-t-il clairement fait savoir aux économistes de la politique monétaire.
A cet effet, poursuit-il : « la Banque doit poursuivre ses ambitieux chantiers de réformes en mettant l’accent sur les efforts de modernisation du cadre de la politique monétaire ». Pour y arriver, « la Bc pourrait également s’inspirer de l’expérience internationale des politiques innovantes qui ont fait leurs preuves dans la lutte contre l’inflation », oriente le chef de l’Etat dans son message.
S’agissant des gouvernements respectifs, il pense qu’ils doivent continuer à intensifier leurs efforts en vue d’améliorer la productivité des facteurs, d’élargir et de diversifier les bases de production de tous les secteurs, qu’ils soient publics ou privés. Sur ce, dira-t-il : « Le financement de nos économies constitue également, une préoccupation majeure. Comment concilier la nécessité d’une stabilité macroéconomique et monétaire renforcée avec l’impératif du maintien des dépenses sociales essentielles et l’urgence de la relance économique ».
A ce sujet, il préconise quelques axes de réflexion en vue de favoriser un meilleur financement adéquat de nos économies et renforcer la crédibilité de notre monnaie commune.
Au nombre de ces axes il liste premièrement: « le renforcement de la coordination entre les politiques budgétaires et la politique monétaire commune qui contribue à la stabilité des prix et au soutien à la croissance, bien entendu que, la soutenabilité budgétaire exige une capacité de réaction commune pour faire face à la vulnérabilité des chocs », explique-t-il.
Deuxièmement ; face aux défis de changement climatique, la Bceao pourrait également contribuer à mieux identifier les risques financiers liés au climat sur le marché. A cet effet, « elle doit veiller à la prise en compte de ces risques d’une manière adéquate, en agissant en tant que catalyseur pour la transition verte du système financier », argumente-t-il. De ce fait, elle pourrait soutenir la politique climatique sans courir le risque de dépasser le cadre de son mandat.
Et enfin, la diversification des sources de financements des économies constitue une source à explorer. Dans ce cadre, « la finance islamique offre des opportunités importantes pour répondre aux besoins de financement des Etats », soutient-il.
Evoquant les perspectives économiques, il dira qu’elles s’annoncent sous de bons auspices pour les Etats de l’Uemoa dont certains prévoient des taux de croissance à deux chiffres dans un futur proche. « Le maintien de cet élan est indispensable dans un environnement où la demande sociale est forte avec une frange encore plus importante de nos concitoyens dont le relèvement du niveau de vie reste une priorité », explique-t-il.
JEAN PIERRE MALOU