Abdou Sane, membre de l’inter-coalition yewwi-wallu «Faire basculer le déséquilibre au niveau du Bureau de l’Assemblée nationale et à la Conférence des présidents»
«Du point de vue politique, si l’Inter-coalition Yewwi-Wallu fait le maximum de groupes parlementaires possibles, c’est un plus pour l’opposition d’être majoritaire non seulement au niveau du Bureau de l’Assemblée nationale mais aussi au niveau d’une autre instance très peu connue du public qu’on appelle la Conférence des présidents. Car, au moment où nous parlons, dans la configuration actuelle, en dehors de la création des groupes parlementaires, si vous faites la répartition de ce que chacune des trois principales coalitions (Wallu, Yewwi et Benno Bokk Yaakaar) a obtenu, vous avez 50% des membres du bureau de l’Assemblée nationale qui vont provenir de la seule coalition Benno Bokk Yaakaar et les 50% restant vont être partagés entre Wallu et Yewwi. Donc, il y a égalité entre la majorité et l’opposition au niveau du bureau de l’Assemblée nationale.
Maintenant, les gens oublient que tout président de groupe parlementaire est membre d’office du Bureau de l’Assemblée nationale et de la Conférence des présidents. Donc, en créant plusieurs Groupes parlementaires, vous créez plusieurs membres du Bureau de l’Assemblée, plusieurs membres de la Conférence des présidents. Autrement, si vous faites le calcul, vous verrez que le Bureau de l’Assemblée nationale sera dans ce cadre totalement dominé par les membres de l’inter-coalition Yewwi-Wallou au cas où l’idée de création de plusieurs groupes est appliquée. Si l’opposition parvient à mettre en place 3 groupes parlementaires, l’Inter-coalition Yewwi-Wallu va avoir 3 députés de plus au niveau de ces deux instances. Ce qui fera basculer le déséquilibre en faveur de l’opposition qui aura 3 députés de plus par rapport à Benno Bokk Yaakaar. Et si l’Inter-coalition Yewwi-Wallu devient majoritaire au niveau du bureau de l’Assemblée et de la conférence des présidents, cela veut dire que finalement l’Assemblée nationale est contrôlée par l’Inter coalition parce que toutes les activités au niveau de l’hémicycle vont passer d’abord par ces deux instances avant d’atterrir à la plénière ».
«Le budget de trois ou quatre groupes parlementaires est insignifiant par rapport aux milliards utilisés pour alimenter les caisses noires…»
«Le discours de l’opposition aujourd’hui tourne autour de la rationalisation des ressources publiques. Et les charges financières évoquées par certains pour récuser cette idée de création de plusieurs groupes parlementaires au sein de l’opposition relève d’une vision superficielle. Car, ceux qui disent que l’opposition est en contradiction avec sa démarche de rationalisation des dépenses en créant plusieurs groupes parlementaires oublient certainement que le principal problème des finances publiques est à chercher au niveau des caisses noires mises à la disposition de certaines autorités et qui les utilisent à leur guise sans que personne ne puisse les demander des comptes. Et c’est clair que le budget de trois ou quatre groupes parlementaires est insignifiant par rapport aux milliards utilisés pour alimenter les caisses noires des présidents de l’Assemblée nationale, du Conseil économique social et environnemental, du Haut conseil des collectivités territoriales, du Premier ministre et du président de la République.
Donc, l’opposition a besoin d’avoir une majorité au niveau du bureau de l’Assemblée nationale mais aussi au niveau de la conférence des présidents pour s’opposer à toute forme d’allocations de ressources qui ne servent qu’à alimenter les caisses noires. En contrôlant les instances de l’Assemblée nationale, l’opposition va pouvoir refuser au Président de la République devoir une caisse noire de même que le Premier ministre mais aussi les présidents de l’Assemblée nationale, du Conseil économique social et environnemental, du Haut conseil des collectivités territoriales. L’opposition ne cherche pas de groupes parlementaires pour elle-même mais pour avoir une marque qui lui permet de lutter contre les pillages dans le cadre de la gestion des ressources publiques».
Recueillis par NCG