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Bras de fer Etat-fonction publique locale autour de la revalorisation des salaires : la phase II de l’Acte 3 plombe les débats

Pour exiger une revalorisation des salaires des agents de la fonction publique locale, la Fédération générale des travailleurs du Sénégal (Fgts) a organisé le mardi 23 août une marche coordonnée dans plusieurs localités du pays et menacé de paralyser le fonctionnement des 603 collectivités territoriales du pays dans la deuxième quinzaine du mois de septembre prochain. Il faut souligner que cette exigence légitime du syndicat risque de buter sur la réalité de beaucoup de collectivités territoriales qui sont dans l’attente de la mise en œuvre de la deuxième phase de l’Acte 3 de la décentralisation pour sortir de leur état de perfusion continuelle.

Les travailleurs des collectivités territoriales ont organisé le mardi 23 août une marche coordonnée dans plusieurs localités du pays pour demander la revalorisation des salaires de tous les agents de la fonction publique locale. Cette activité tenue à l’appel de la Fédération générale des travailleurs du Sénégal (Fgts) dirigée par Sidya Ndiaye avait occasionné une paralysie partielle de plusieurs services au niveau des administrations locales. Les opérations de délivrance des actes d’état civil ont été ainsi affectées par ce mouvement d’humeur qui semble être le début d’une longue période de perturbation si on en tient à la mise en garde des responsables de la Fgts qui menacent de paralyser le fonctionnement des 603 collectivités territoriales du pays s’ils n’obtiennent pas gain de cause.

En effet, s’exprimant lors d’une conférence de presse tenue le jeudi 11 août dernier, dans les locaux de la FGTS à Dakar, Sidya Ndiaye après avoir annoncé le dépôt d’un préavis de grève par son syndicat couvrant la période du 10 août 2022 au 31 décembre 2022, a précisé que « si, d’ici un (1) mois franc passé, rien n’est fait », son syndicat serait fondé à agir en déclenchant une grève générale de 72 heures dans la deuxième quinzaine du mois de septembre prochain sur l’ensemble du territoire national et dans tous les ordres de collectivités territoriales.

Autrement dit, les Départements, les Villes et les Communes seraient paralysés «jusqu’à satisfaction de leurs revendications légitimes ». Pour justifier sa position, Sidya Ndiaye a convoqué les dispositions de la loi 2011-08 du 30 Mars 2011, relative au statut général des fonctionnaires des collectivités territoriales. Selon lui, cette loi stipule clairement en son article 29 que « toute remise en ordre ou revalorisation des traitements ou des suppléments pour charge familiale ou de tout élément de la rémunération applicable aux autres fonctionnaires de l’État, s’applique d’office à la rémunération des fonctionnaires des collectivités territoriales ».

La revendication légitime des travailleurs face à la dure réalité des collectivités territoriales

Avec cet ultimatum de « grève générale » de 72 heures, dans la deuxième quinzaine du mois de septembre prochain sur l’ensemble du territoire national et dans tous les ordres de collectivités territoriales » brandi par les responsables de la Fédération générale des travailleurs du Sénégal (Fgts), il faut dire que les choses peuvent dégénérer à tout moment. Et pour cause, il sera très difficile pour la plupart des collectivités de satisfaire à cette exigence.

Dépourvues de ressources financières et dans l’attente de la mise en œuvre de la deuxième phase de l’Acte 3 qui devrait achever la réforme intégrale avec l’avènement des pôles territoires depuis bientôt neuf ans, beaucoup des collectivités territoriales sont sous perfusion pour ne pas dire en agonie. Elles tirent leurs uniques ressources des transferts reçus de l’Etat à travers des Fonds de Dotation de la Décentralisation, Fonds d’Équipement des Collectivités Locales, Budget Consolidé d’Investissement, etc. Et ces fonds ne sont même pas suffisants pour financer l’entretien de quelques mobiliers dont dispose l’administration. Résultat, beaucoup notamment dans les zones rurales ne disposent pas d’un personnel qualifié.

Un ministre des Collectivités territoriales qui s’est transformé en distributeur des fonds de transferts

Dans le Décret n°2020-2206 relatif aux attributions du ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des Territoires, il est clairement indiqué qu’il revient à ce ministère de veiller « au développement harmonieux, équilibré et cohérent des agglomérations et des activités économiques sur l’ensemble du territoire ». Autrement, au-delà de la mise en œuvre de la deuxième phase de l’acte 3 de la décentralisation dont le Président Macky Sall ne fait d’ailleurs plus référence lors de ses sorties sur la question de la décentralisation, il appartient à ce département ministériel dirigé par Oumar Guèye, ancien maire de la commune de Sangalkam, d’accompagner les collectivités territoriales dans leur processus de développement économique. Seulement, il est difficile aujourd’hui de répertorier des actions mise en œuvre par Oumar Guèye. Ce dernier semble même réduire l’action de son ministère à l’endroit des collectivités à la distribution des fonds de transferts parfois sur la base des critères que beaucoup de maires ou présidents de conseils départementaux ignorent. Aujourd’hui, si ce département avait convenablement joué sa mission de soutien et d’accompagnement des administrations locales dans la formation du personnel, la recherche de partenaires locaux et étrangers, le développement des outils d’une bonne politique de recouvrement fiscal, il est clair que la question de la prise en charge du personnel de l’administration locale ne se poserait pas de cette façon.

NANDO CABRAL GOMIS

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