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Chronique – couloir de routes devenus mouroirs de passagers : tous coupables, l’Etat se cherche ! (Par Moussa DRAME)

Jamais le sang n’a si abondamment coulé en si peu de temps sur les routes du Sénégal. Ce mois de janvier serait-il un faux départ pour le Sénégal ? Assurément non ! L’indiscipline et l’insouciance viennent seulement de franchir leur seuil critique et intolérable, au mépris des vies d’honnêtes citoyens. La racine du mal est profonde et traverse plusieurs rideaux de responsabilités. Tous sont coupables ! L’Etat se cherche, dans un clair-obscur, et les transporteurs jouent aussi leur carte génératrice de revenus, en rejetant certains points instaurés, dans la précipitation, selon eux, pour arrêter l’hémorragie causée par les accidents et l’insécurité routière.

La série noire des accidents de la circulation routière intrigue le commun des Sénégalais, de par leur ampleur et leur violence inédite, depuis l’aube de la nouvelle année 2023. A l’aube du dimanche 8 janvier, le réveil fut brutal pour parents et proches et pour toute la nation sénégalaise, à l’annonce de la catastrophe de Sikilo, près de Kaffrine. Que de sang versé. Quarante-deux (42) morts, selon les chiffres officiels, suite à une collision macabre entre deux bus. Et c’est avec ces mêmes larmes suintantes que le peuple pleure aussi les 22 corps sans vie dénombrés à la suite d’un autre accident, tout aussi lugubre, survenu à l’aube d’avant-hier, lundi 16 janvier.

Toutes circonstances qui exigent un coup d’œil dans le rétroviseur et dans la glace, d’abord pour exhumer les racines du mal et regarder en face les causes profondes qui ont conduit à ce terminus de la mort. Le diagnostic révèle un malaise profond et qui met en cause tous les acteurs de la mobilité des personnes et des biens. Tous s’accordent à relever l’indiscipline ostentatoire de nombre de conducteurs au volant de leurs voitures, assortie d’une inconscience à la surcharge, au mépris du contrôle technique, et la course au gain facile et rapide.

Et pourtant, d’un point A à B et sur un linéaire de centaines de kilomètres, ces conducteurs irréfléchis dépassent impunément des éléments des corps de contrôle routier pour ensuite se réjouir de les avoir «salué» par des glissements de billets de banque. Une pratique qui noie, hélas, l’effort déployé par l’immense majorité des Forces de défense et de sécurité pour faire respecter l’ordre. Sous ce même rapport, la culpabilité des citoyens ne saurait être occultée, car le contrôle de l’action publique devient de facto un impératif catégorique face à des actes délictueux.

Les routes, on en parle toujours. Elles sont pour la plupart étroites, peuplées de nids-de-poule et bordées de buisson. Par endroit, la route qui traverse la forêt est aussi traversée par les bêtes qui y habitent. Suffisant pour solliciter les deux voies séparées par une terre ferme, entre Dakar et Ziguinchor, Dakar-Kédougou et Dakar-Saint-Louis.

Mais, au-dessus de tous ces acteurs ci-haut cités, se trouve le Léviathan, la puissance publique de l’Etat, pour astreindre tous les citoyens au respect de l’ordre établi. Toutefois, la précipitation avec laquelle les 22 mesures avaient été prises, au lendemain de la tragédie de Sikilo, commence à montrer ses insuffisances. Le retour sur certains points, comme la survie des porte-bagages, pourraient assurément fragiliser cette même puissance publique, sous l’emprise des syndicats des transports.

Autant donc croire qu’il faut inexorablement aller vers les «Etats généraux des transports», en général : terre, air et mer et avec des instruments adéquats et opportuns pour mettre tout le monde dans les rangs. C’est la voie du retour au calme et pour tous.

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