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Colonel Mamadou Sidibe, directeur des aires marines protégées (amp) : «Nous ne pouvons pas rouvrir la visite du parc des îles des Madeleines»

Le Parc national des îles des Madeleines est fermé, depuis le drame de septembre 2019, dans lequel 4 personnes ont perdu la vie suite au chavirement de leur embarcations. Plusieurs années après ce naufrage, le Directeur des Aires marines protégées (Amp) du ministère de l’Environnement, du Développement durable et la Transition Ecologique, le colonel Mamadou Sidibé, annonce que le lieu ne peut toujours accueillir des visiteurs car les conditions de convoyage ne sont pas encore réunies. Dans cet entretien, il revient aussi sur les efforts de protection du Technopole, actuellement menacé par l’urbanisation galopante de la capitale.

Le Sénégal semble avoir une longue tradition de préservation marine et côtière. Comment en est-on arrivé à l’idée de protéger ces espaces marins et côtiers?

Depuis 1969, le Sénégal s’évertue à la préservation marine et côtière, avec la création du Parc national de la basse Casamance. La conservation des ressources marines est une préoccupation mondiale, mais aussi de nos populations. Le Sénégal a changé de paradigmes dans la création des aires protégées.

Auparavant, c’est l’Etat qui crée, gère ces réserves naturelles. C’est le cas de Niokolo-Koba, érigé en 1954 et géré par l’Etat. Ainsi il décidait de la création et c’était après chaque Conférence sur les ressources naturelles. Le Parc de la basse Casamance est né après la conférence d’Alger, en 1968, Djoudj après la Convention de Ramsar, en 1971. Après la Conférence de Stockholm sur la biodiversité marine et côtière, on a décidé de la création d’autres aires comme les Parcs nationaux du Delta du Saloum, en 1976, de la langue de Barbarie et du Parc national des îles des Madeleines. Après, il y a eu des réserves comme  celle de Kalissaï, Ferlo, Gueumbeul et Popenguine.

C’est vraiment en 2000 qu’il a été vraiment décidé de la création de zones d’appellation «Aires marines protégées».  Le Sénégal s’y est lancé en 2004, avec la création de cinq (5) Aires marines protégées qui sont Saint-Louis,  Abéné, Cayar, Joal et Bamboung. A cette date, l’appropriation par les communautés n’était pas prise en compte. C’est en 2012 qu’on a décidé, en adéquation avec l’esprit de Durban, de faire des Aires marines protégés des biens pour les communautés, en les appuyant dans les initiatives de conservation. Nous avons plus 582.000 ha qui sont protégés, en tant que des aires marines. De 5 Amp, en 2004, nous en sommes maintenant à 15. L’engouement de protection communautaire continue. Et c’est ce qui est important.

La grande Niayes de Pikine, communément appelé Technopôle, est sous votre responsabilité. Actuellement, il fait l’objet d’une grande spéculation foncière. Qu’avez-vous prévu pour la protéger ?

On a déjà mis en place le comité de gestion. On est en train d’organiser les populations autour du Technopôle, pour arriver à un aménagement qui permettra à Dakar d’avoir un poumon vert. Il est évident que c’est difficile parce que tout simplement on a arraché de justesse cette partie qui était tant convoitée pour en faire une aire protégée en 2019.  Il faut qu’on se donne le temps d’harmoniser tout cela, pour avoir un aménagement adéquat qui correspond au site.

Le Technopôle joue un rôle important dans la prévention des inondations de Dakar. Le ruissellement des eaux de pluies ne sera pas possible, si tout ce site est occupé. Le conserver diminue, à plus de 50%, les inondations à Dakar.

Comment gérez-vous les frustrations qui font suite aux repos biologiques ?

Nous ne donnons pas d’ordres à la population. On ne leur impose rien. Il faut mettre la main à la pâte pour arriver à une conscientisation collective. Dans les Aires marines protégées, ce qu’on a réussi à faire, c’est la participation des populations dans le suivi bioécologique qui permet de suivre et comprendre les espèces. En faisant ainsi, nous amenons la population à comprendre les différentes étapes de grossissement des  espèces.

L’Ensablement menace des Aires marines comme à la Somone. Qu’avez-vous prévu pour la protection ?

L’ensablement est un phénomène naturel lié à des phénomènes atrophiques. L’occupation des voix d’eau contribue à cela, dans certaines lagunes.  On  travaille pour y remédier. A Somone, un cabinet a été engagé. Les travaux vont démarrer incessamment.

Après le chavirement d’une embarcation en septembre 2019, les visites aux îles des Madeleines ont été suspendues. Plusieurs années après ce drame, aucune précision n’est faite sur la réouverture du site.  Où en êtes-vous ?

Le Parc national des îles des Madeleines n’est jamais fermé. Quand une réserve de ce genre est ouverte, c’est pour des activités bien déterminées. Les espèces y sont toujours. Les gens voient l’aspect économique, qui ne peut être encore développé tant que nous n’avons pas les garanties nécessaires qui permettent d’amener tranquillement des touristes à l’île et de les ramener en terre ferme. Ce transport se fait avec des privés. Il faut avoir une garantie nécessaire. Aucune visite n’est encore possible. Il faut avoir des embarcations qui donnent toutes les garanties sécuritaires pour organiser une bonne visite. Si celles-ci ne sont pas encore réunies, nous ne pouvons pas rouvrir la visite du parc.

Actuellement, on travaille sur ça. Avec les privés, on doit pouvoir trouver un terrain d’entente. La réouverture peut être dans les prochains mois ou semaines ; tout dépend des résultats de nos échanges avec les privés qui assurent la navette.

Propos recueillis par Fatou NDIAYE

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