La vrai histoire de Medina Gounass 1936 à 2024

De l’histoire de Madina Gounass: de la fondation par Thierno Mouhamadou Saïd BA en 1936 à la fronde de Thierno Amadou Saidou Balde né à Madina Gounass, le frère de l’actuel guide des frondeurs.
Par Moussa Bodiel.
Après son séjour d’études de 8 ans à Thilogne, auprès de Thierno Hamet Baba TALLA, Elhadji Mouhamadou Saïd BA s’installa au village de Orefondé dans la province Bossea vers 1928 pour enseigner le savoir islamique. Il y resta deux ans. Puis il fit un voyage vers Kolda pour chercher du travail auprès de son oncle, commerçant, Thierno Oumar TOURE grand père de l’actuel Khalif de Madina Gounass. Il avait environ 31 ans.
Durant ce séjour, il rencontra, par pur hasard, Seydi Elhadji Aly Thiam, son futur maître, qui était aussi en déplacement, dans la maison de son oncle Thierno Oumar Toure.
Ce dernier lui manifesta un amour sans bornes et lui voua une confiance inégalée; il l’invita chez lui dans son village Madina Elhadji dans le Gabou près de la frontière avec la Guinée Bissau.
Seydi Elhadji était le plus grand érudit de cette zone.
Son nouveau maître voulut le forcer de rester avec lui, il lui expliqua qu’il faisait 7 ans qu’il était à la recherche de sa rencontre, malgré qu’ils ne se sont jamais vus ni connus auparavant.
Mais Seydi Elhadji Aly Thiam ne parvint pas à le retenir; Elhadji Mouhamadou Saïd lui signifia qu’il ne pouvait s’installer nulle part dans le monde sans l’indication du lieu par son maitre Thierno Hamet Baba TALLA de Thilogne, ou du moins sur son avis favorable. Il décida alors de rentrer au fouta au bout de 4 mois passés avec son nouveau maître, Seydi Elhadji Aly THIAM.
Ce dernier rédigea une lettre, il lui demanda de la remettre à son maître Thierno Hamet Baba TALLA. Quand il revint au fouta, il remit la lettre à son destinataire qui versait des larmes en la parcourant, parce que le temps de l’éloignement physique s’approchait, mais lui, il n’y comprit rien.
Il retourna à orefondé et continua à enseigner.
Un matin, son maître de Thilogne le convoqua, il lui dit ceci: « aujourd’hui, avec chagrin et tristesse, je t’annonce que le temps de notre séparation est arrivé, tu dois retourner chez Seydi Elhadji Aly THIAM, pour parachever la mission que nous étions tous entrain de préparer pour toi. »
Quelques jours après, il fit le voyage vers le sud pour s’installer définitivement au village de son maître Seydi Elhadji Aly THIAM.
La confiance et l’amour que son maître lui voua, provoquèrent de la jalousie et de l’inimitié de beaucoup de ses condisciples contre lui.
Seydi Elhadji Aly THIAM dit à la communauté que « c’est Mouhamadou Saïd son héritier, il lui confia toute sa descendance dont son fils Ousmane THIAM qui deviendra plus tard l’imam ratib de la grande mosquée de la future ville de Madina Gounass», et recommanda à tous ceux qui veulent rester sous son autorité de prendre Thierno Mouhamadou Saïd comme leur khalif. D’aucuns acquiescèrent, d’autres le quittèrent. Naturellement.
Après le décès de Seydi Elhadji Aly, ils multiplièrent des actions pour chasser Thierno Mouhamadou Saïd du village.
Sur ces entrefaites, son fils aîné mourut à l’âge bébé, ils lui refusèrent de l’inhumer dans le cimetière et aux alentours du village.
Il partit avec quelques disciples venus du fouta avec lui, et d’autres qui ont accepté de rester sous son Khalifa sur recommandation de son maître, enterrer son bébé en un lieu éloigné des kilomètres du périmètre fixé par des habitants de Madina Elhadji.
Au bout de 3 mois, il ne put plus rester dans le village. Il décida alors de s’exiler en se dirigeant vers la direction que son maître, Seydi Elhadji Aly THIAM, lui avait indiquée, au cas où il ne pouvait plus rester ou il serait contraint de partir par l’hostilité des villageois.
Il partit avec quelques disciples ; il laissa son épouse Sokhna Aissata Touré, enceinte de l’actuel Khalif, chez son père Thierno Oumar TOURE à Kolda.
Ils erraient dans la forêt avec tous les dangers que cela comportait: des animaux sauvages, des reptiles, des brigands etc…jusqu’ils arrivèrent à un endroit (l’actuelle Madina Gounass), qui ressemblait à celui que son maître lui avait décrit.
Ils coupèrent des branches d’arbres pour faire des cases et une mosquée.
Ils étaient 7 quand il fondait l’actuelle grande ville Madina Gounass. C’était en 1936, date à laquelle mourut son maître Thierno Hamet Baba TALLA à Thilogne.
Après quelques années de leur installation, une vague de disciples quitta Madina Elhadji d’où il avait été chassé, pour le rejoindre, lui faire allégeance, et vivre sous son khalifa. Parmi ces disciples, il y’avait le futur père de Thierno Amadou Saidou Balde le futur frondeur, semeur de désordre à partir de 1978-1979.
Il fit marier ce nouveau disciple. Deux ans plus tard, sa femme accoucha. Il partit voir Thierno Mouhamadou Saïd pour l’informer de l’accouchement de sa femme d’un garçon.
On passe en sourdine sur ce qu’il a répondu à cette annonce, car blesser n’est notre intention.
Thierno prit en charge tous les frais du baptême, il nomma le bébé Amadou Saidou Baldé. C’était en 1943, c’est à dire quelques années après la fondation de Madina Gounass.
Il l’éleva dans sa maison avec ses enfants.
Quand l’enfant Amadou Saidou Baldé grandit, il l’envoya à Thilogne auprès de Thierno Abdourahim TALLA, fils de son maître Thierno Hamet Baba.
Il passa quelques années à Thilogne. Il y acquit des connaissances très poussées en charia et en Coran.
Il rentra à Madina Gounass. Thierno Mouhamadou Saïd lui trouva une femme, lui fit marier.
Inopinément, un jour, quelques uns des disciples qui sont venus de Madina Elhadji Aly THIAM, suggèrent à Amadou Saidou Baldé d’être leur Khalif. Il refusa; il leur répliqua que c’est impossible, il leur fit comprendre que ce village Madina Gounass est fondé par Thierno Mouhamadou Saïd, et que son père comme lui, sont des disciples. El Mouhamadou Saïd est un père pour lui, il lui a tout donné.
Mais, ils insistèrent, il campa obstinément sur sa position; la pression monta, il s’enfuya vers la Guinée pour ne pas accéder à leur funeste demande.
Ils le poursuivirent là bas. Ils finirent par le convaincre, il leur demanda de le rassurer qu’ils n’allaient jamais le trahir.
Pour s’assurer que personne ne trahira, ils firent recours à un symbole de serment culturel: ils croquèrent des colas et recrachèrent la salive, signifiant que personne ne trahira la trahison contre Thierno Mouhamadou Said BA.
Ainsi se fit le noeud de cette funeste entente aux ramifications complexes et conséquences imprévisibles.
Parler de terre de Amadou Saidou Balde qui est né à Madina Gounass……
Sarr le sénégalais d’Allemagne