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Les bracelets de la mort

Au large de Ouakam, sous un ciel assombri par l’indifférence des hommes et le silence assourdissant de l’océan, une pirogue dérive, porteuse d’une tragédie que nul ne pourra effacer. Une trentaine de corps flottent, inertes, rongés par le temps et la mer. Leurs visages ne sont plus que des masques figés, défigurés par les vagues de la désillusion et de l’abandon. Ces jeunes hommes, ces âmes égarées, avaient rêvé d’un ailleurs. Ils avaient cru, avec une ferveur quasi religieuse, aux promesses d’un homme qui leur avait peint des horizons de gloire et de renaissance.

Mais la mer, cruelle et infinie, les a pris en otage, et avec elle, la froide réalité de la mort lente. Parmi les restes des rêves brisés, un détail macabre attire le regard : des bracelets de plastique, encore solidement attachés à certains poignets décharnés. « Pastef », peut-on lire, comme une marque indélébile, comme un dernier témoignage de leur foi aveugle dans un avenir qu’on leur avait promis radieux. Ces bracelets, autrefois symboles d’espoir, sont devenus les stigmates de l’échec, un écho silencieux des paroles vaines et creuses qui avaient su séduire leurs cœurs affamés de changement.

Ils avaient écouté les discours enflammés, les promesses de lendemains meilleurs. Ils avaient été lavés de leurs doutes, pris dans le tourbillon d’une rhétorique populiste qui fustigeait la gouvernance en place, leur désignant des coupables faciles. Macky Sall, l’homme à abattre, responsable de tous leurs maux, de ce chômage oppressant, de cette misère rampante. Dans l’ivresse des foules et des slogans, ils avaient cru que la solution était là, à portée de main, simple et rapide, incarnée dans ce tribun qui avait su parler à leur colère et à leur désespoir.

Mais voilà que leurs corps, ballottés par les vagues, sont devenus les témoins silencieux du mensonge et de la manipulation. Ces bracelets, bouées macabres au milieu du naufrage de leurs vies, sont le symbole de la tragédie du populisme : des promesses faciles, des discours exaltés, mais, au bout du chemin, la désillusion, l’abandon, et pour eux, la mort.

Ces jeunes gens n’ont pas seulement péri en mer ; ils sont morts bien avant, tués par une parole qui, au lieu de les libérer, les a enfermés dans une prison de faux espoirs. Dans la pirogue, leurs corps sont figés dans une dernière danse macabre, celle des victimes d’une illusion collective. Et tandis que la pirogue continue de dériver, chargée de cadavres et de regrets, elle porte avec elle l’avertissement terrible que les discours enflammés peuvent consumer des vies, laissant derrière eux un champ de ruines.

Les bracelets serrés à leurs poignets sont les anneaux de la trahison d’un rêve, celui d’un changement facile, promis comme une évidence, mais qui n’a fait qu’engloutir des générations entières dans les profondeurs d’un océan indifférent.

Sarr le Sénégalais d’Allemagne

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