Les Chroniques de HomoTérangus – Homo Térangus et la Grande Désillusion

HomoTérangus y croyait. Il avait misé sur la rupture, crié victoire dans les rues, chanté l’hymne du changement, insulté les « vendus » et les « traîtres » qui doutaient. Onze mois plus tard, HomoTérangus est en PLS.

Au départ, ils lui avaient dit que la criminalisation de l’homosexualité était une priorité absolue, que Buur Guédé voulait imposer des lois contraires aux croyances du peuple. HomoTérangus y avait cru, il avait scandé, partagé des vidéos, crié au scandale.
Ils avaient aussi promis l’abrogation de la loi d’amnistie, ce fameux décret qui, selon eux, blanchissait les criminels du régime précédent.
Aujourd’hui, silence radio. Aucune initiative législative, aucun projet de loi en vue.
Rien ! Les discours ont disparu aussi vite que les illusions qui lui ont été vendues, ils esquivent le sujet comme un taximan sans permis esquive la police routière.

Il regarde son porte-monnaie qui se vide plus vite que ne remonte son espoir.
Le FCFA (Fantaisie Coloniale de la France et d’Alors) est toujours là. On lui avait promis une monnaie nationale, une fierté économique. Il a eu quoi ? Un silence radio plus long que les barbes de notre duo présidentiel.

Il avait aussi cru aux appels à candidatures, à une administration sans copinage.
Aujourd’hui, c’est la même politique du « SYSTÈME », sauf que les invités au banquet ont changé de couleur.
Et puis, il voulait voir des renégociations pétrolières. C’était écrit noir sur blanc. Mais voilà, les contrats sont toujours les mêmes, et ceux qui criaient au « scandale » hier sont devenus les « gestionnaires responsables » d’aujourd’hui.

HomoTérangus se rappelle aussi la promesse de justice. « On va traquer les voleurs, juger les corrompus, récupérer les milliards ! » criait-on.

Aujourd’hui, il n’y a que du vent. Pas de procès, pas de mise en cause. Juste un rapport de la Cour des Comptes qui n’accuse personne même après que le Premier ministre eût de son chapeau un chiffre magique de 1000 milliards cachés par l’ancien régime.
Où ? Mystère et boule de gaz. Par contre, 5 milliards ont bien été trouvés pour indemniser des militants du parti.

Et puis, cette histoire de liberté… HomoTérangus se disait qu’après le « régime de la répression », les Sénégalais s’exprimeraient mieux.
Mais les lacrymogènes sont toujours en vente libre, les journalistes toujours en prison, et les manifestants en cavale. Même un père de famille qui ose poser une question sur le frère du Premier ministre peut finir en garde à vue.

Mais la meilleure, c’est l’emploi.
HomoTérangus s’attendait à voir ses frères JakartaMen et ses sœurs marchandes enfin soutenus.
Que nenni.
On leur propose d’aller cueillir des fraises en Espagne ou de combler le gap de facteur travail au Qatar.
Grande politique de l’emploi made in rupture !

Et pendant que tout le pays souffre, les subventions sur le carburant, le gaz et l’électricité vont sauter, mais bien sûr, c’est « pour le bien du peuple ».
L’impôt, lui, va bien augmenter, et si vous râlez, on vous expliquera que c’est la faute de l’ancien régime.

Parce que, oui, à l’Assemblée nationale, on a encore passé une demi-journée à parler de Macky Sall, alors que les bourses des étudiants n’arrivent pas à temps et que les prix explosent.

Oui, au lieu de travailler à corriger la situation, le Premier ministre et son gouvernement ont préféré passer des heures à l’Assemblée nationale pour ne parler que du passé.

Les problèmes concrets ? Reportés.
Les solutions attendues ? En attente.
Mais pour raconter encore et encore les méfaits de Buur Guédé, ils sont toujours là, au rendez-vous.

Alors, HomoTérangus se souvient de ce vieux proverbe wolof :
« Jikko Wut Kat du Jikko. »
Le comportement de celui qui cherche le pouvoir ne sera pas forcément le même quand il accédera au pouvoir.

Hier, ils étaient les champions de la morale, les porte-étendards de la justice, les défenseurs des faibles.
Aujourd’hui, ils sont assis sur le trône, et HomoTérangus est toujours debout dans la file d’attente l’histoire rêvant d’entrer réellement dans l’ère du Jub Jubbal Jubbanti.
Puis fatigué, Il s’assoit, il réfléchit, il se rend compte qu’il a été roulé dans la farine.
Et il se dit que le prochain qui viendra lui vendre un PROJET, il lui demandera un devis, un contrat, et des pénalités en cas de non-livraison.

À suivre…