LETTRE OUVERTE A SON EXCELLENCE, MONSIEUR BASSIROU DIOMAYE DIAKHAR FAYE, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Monsieur le Président de la République,
Permettez-moi avant tout d’abord de vous adresser mes vives et chaleureuses félicitations pour votre brillante élection á la Magistrature Suprême de notre pays. Puisse Allah, le Tout puissant et Très miséricordieux, Vous accorder sa protection et Veiller sur le Sénégal et l´Afrique.
Excellence, je vous écris ces lignes pour vous transmettre le cri de cœur des populations des Communes de Hamady-Ounaré, Ndendory et Orkhadiéré, situées au Nord du Sénégal, plus précisément dans la région de Matam et du département de Kanel.
En effet, la Société Minière de la Vallée du Fleuve Sénégal dénommée SOMIVA exploite depuis 2014 les phosphates des zones précitées.
Depuis cette date, ladite société a fait un bénéfice de plus de 300 milliards FCFA selon les différents rapports émanant du Comité sénégalais de l´Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) et du service Régional des Mines de Matam.
La zone de Ndendory, Hamady-Ounaré et Orkadiéré regorge un important gisement de phosphates avec des réserves prouvées á l’ordre de 40 millions de tonnes et un potentiel de plus de 100 millions de tonnes de phosphates de chaux de très grande qualité.
Sur le marché international et selon la conjoncture, le prix de la tonne de phosphate peut varier entre 800.000FCFA et 1 million FCFA. Des sommes importantes que gagne la SOMIVA.
Cependant, malgré les retombées financières énormes, la richesse ne profite pas pleinement aux populations des trois Communes, qui vivent dans une extrême pauvreté avec un manquement cruel d’infrastructures. Plus que le respect des normes environnementales, sociales ou des droits de l’homme, c’est l’accumulation des bénéfices qui intéresse la SOMIVA. Elle profite du maillon faible de notre législation minière et de l’inefficacité des autorités locales pour mieux exploiter les populations.
En outre, après avoir presque épuisé l’exploitation du premier site de production dont la durée du contrat avec l´État du Sénégal est de 25 ans, la SOMIVA compte exploiter un autre nouveau site abritant les terres agricoles des populations. Ces dernières sont menacées de céder leurs champs qu’elles cultivaient depuis des décennies au profit de la société minière. L’agriculture constitue la principale ressource de revenus des villageois.
Ce qui engendre un climat de frustration entre l’administration locale telle que le Maire, le Préfet, le Sous-Préfet, le Gouverneur et les administrés. Les impactés exigent le respect du code minier conformément á son article 28 relatif aux obligations attachées au permis d’exploitation minière. Ils réclament notamment leurs droits d’indemnisation des terres avant l’exploitation du nouveau site.
La SOMIVA qui avait refusé dans un premier temps le dédommagement de l’ensemble des propriétaires des terres, qui sont au nombre de 1804 bénéficiaires, répartis dans les trois zones, propose sans l’aval des concernés, une compensation de 90.000FCFA pour chaque impacté. Ce que les populations refusent catégoriquement au regard des bénéfices de la SOMIVA.
A cette injustice, s’ajoute une politique de division de la SOMIVA au niveau local pour s’accaparer des terres. Il y a un énorme risque de confrontation entre les riverains.
Pour cette cause et pour éviter d’éventuelles confrontations entre la SOMIVA, la gendarmerie nationale et la population, Monsieur le Président de la République, je vous prie de bien vouloir intervenir pour régler définitivement ce conflit.
Les populations exigent une indemnisation équitable et convenable á leurs terres soit trois milliards FCFA pour tous les impactés.
Il faut rappeler que le souci majeur des populations ce n´est pas de lutter contre la SOMIVA pour qu´elle quitte définitivement la zone mais de réguler son comportement face au respect des normes environnementales, économiques, sociales ou des droits de l’homme.
Vous souhaitant plein de succés dans la haute et délicate mission que vous confie nos compatriotes et vous rappelant l´espoir que vous incarnez, je vous prie d´agréer, Excellence, Monsieur le Président de tous les sénégalais, l´assurance de ma très haute considération.
Souleymane Jules SOKOME
Juriste et politologue sénégalais
Natif de Hamady-Ounaré
sokome.jules@gmx.de