Lutter contre un Etat et une société injustes Par Adama Gaye

Pourquoi je pars et les raisons pour lesquelles je me tiens à distance d’un pays avarié dans ses pratiques illégales…
* Mi-Octobre dernier. Je suis en Espagne. Au même moment, le Sénégal ne bruit que d’un dossier que j’ai contribué à populariser. Montent alors des tribunes médiatiques, par la voix ou la plume de mercenaires ou d’ignorant.e.s des attaques en règle me présentant comme un fuyard, qui aurait refusé de rentrer au pays pour ne pas faire face à la justice par peur de n’avoir pas les preuves de mes allégations sur le dossier en question. De loin, j’en ris mais surtout ne m’empêche pas non plus de me poser des questions sur l’Etat et la société du Sénégal: sont-ils tombés aussi bas?
- Parmi les commentaires qui me viennent aux oreilles figurent ceux d’un Sadikh Top de Pastef, le même qui, sans me dire qui il était, ancien bref stagiaire dans un organe de presse diplomatique au Maroc, m’avait approché pour faire la recension, au nom des Editions l’Harmattan, de mon livre, Otage d’un Etat.
- Il y a aussi le très truand Commandant Diarra, que la gendarmerie avait arrêté pour usurpation de fonctions, trafic de visas et exploitation de jeunes filles. Signes distinctifs: outre qu’il aime pontifier sur tout et rien, ses certitudes en bandoulière, il n’est qu’un petit espion. Il se reconnaît…
Il y a aussi, me dit-on, la fille d’un de mes grands potes, éminent journaliste avec qui j’ai partagé mes années au Cesti et les combats syndicaux pour la défense des intérêts matériels et moraux de la profession, comme il aimait à dire. Il aurait eu honte de son héritage en imaginant qu’elle puisse se mêler avec des pimbêches, foldingues, pour participer à une curée sans savoir de quoi cela retournait…
J’aurais pu me passer de revenir sur ces multiples interventions, fondées sur du faux ou commanditées, tant, depuis, par un procès historique, que j’ai gagné contre l’Etat du Sénégal, et une défense solide, contenue dans un Procès verbal disponible à la division de la cybercriminalité, j’ai pu remettre les pendules à l’heure. A mon honneur.
Le choix de ne pas rentrer au Sénégal en Octobre et l’annonce d’un nouvel exil n’étaient qu’une stratégie pour rester encore du temps dehors afin de participer à un évènement majeur, la conférence annuelle sur l’énergie au Cap, en Afrique du Sud, début novembre, que je ne pouvais me permettre de rater, puis de revenir au pays le 8 novembre parce qu’il me fallait être à un mariage familial.
J’ai hésité à revenir en Octobre en raison de ce que l’Etat et la société du Sénégal ont perdu toute rationalité et justice, pris qu’ils sont entre les mains de manipulateurs souverains avec l’aide de ripoux qui craignent de me voir libre, plume et verbe au service de causes dignes d’être portées par une conscience infaillible.
Imaginez, si, pour répondre aux cris de ces forces commanditées, j’avais pris le parti de rentrer et, ce faisant, de tomber dans les rets des comploteurs agissant au nom de l’Etat, en dehors des normes, et des forces corrompues du mal, nichées dans la société.
Ce qui m’a confirmé que mon choix de finir ce que j’avais à faire à l’étranger était la bonne attitude a été illustré par le fait qu’après avoir gagné mon procès contre l’Etat du Sénégal le 6 décembre, dans l’affaire Mamadou Moustapha Bâ, surgie sur un coup de tête du procureur de la République, Ibrahima Ndoye, agissant on-ne-sait pour quels intérêts, je fus convoqué à la cybercriminalité pour le dossier Aser près de deux mois après son déclenchement. Là aussi, le dossier se passe de commentaires. Il est entre les mains de l’Etat.
Ces affaires m’ont ouvert les yeux sur l’état de délabrement de notre justice et de notre sécurité. Outre qu’on se trouve à la merci de représentants d’un Etat aussi irresponsables, inconscients qu’immoraux, au point de ne pas flancher si on leur demande de convoquer un citoyen innocent, de le garder à vue et de comploter pour le faire jeter au fond d’une cellule carcérale au milieu de ripoux au parcours sanguinaire et kleptocratique qui les rendent aptes à tuer et maltraiter, détruire, quiconque est désigné à leur vindicte.
Ma conviction était et demeure que j’ai encore beaucoup à donner pour faciliter la tâche à quelque malfaiteur d’Etat ou de la société dont le projet est de me mettre hors d’état d’assumer ma mission intellectuelle et professionnelle sur terre.
Je serai resté au Sénégal si le droit n’y avait pas déserté le terrain public avec les applaudissements de commentateurs incultes ou stipendiés, sans compter la passivité d’une société qui refuse de voir les enjeux sous leur vrai prisme.
J’avais conquis de haute lutte le privilège de montrer aux tartuffes qui me faisaient passer pour un fuyard que non seulement je ne l’étais pas mais que j’avais battu les personnes et institutions pour lesquelles ils avaient vendu leurs âmes.
Le bon sens, étant la chose la mieux partagée au monde, il ne m’a pas fallu réfléchir trop longtemps pour comprendre qu’il me fallait quitter le Sénégal où le pouvoir Pastef, loin de se révéler en force du bien, se montrait surtout disposé à être le gadget des complotistes et criminels qu’il était censé exposer et poursuivre au nom de sa doctrine du redressement éthique (JJJ).
J’ai quitté rapidement parce que des juges et forces de sécurité, n’y comprenant que dalle, auraient pu inventer des mesures de rétorsions, sous la pression de la jalousie déclenchée par mes victoires légales (s’inscrivant à la suite de celles que j’ai eues face à Bolloré et d’autres), dans l’unique but de m’empêcher de sortir du territoire national. Afin de me museler…
J’avais des urgences ailleurs. Pendant des années, j’ai oeuvré à la matérialisation de grands projets d’infrastructures dans une discrétion totale qui ne s’est jamais démentie, et je ne pouvais me permettre de louper les réunions de parachèvement les concernant. Or, hors de leurs pompes, ne sachant pas ce qui se joue dans un monde lancé dans une compétition à une vitesse vertigineuse, les acteurs de l’Etat, qui continuent de croire à sa sur-puissance pour contenir les forces asymétriques, individuelles, au lieu de saisir leur nouvelle pertinence, mais aussi les perroquets sur les plateaux de radios et télévisions, en quête de notoriété, peu fugace qu’elle soit, sont devenus les obstacles à l’attractivité du Sénégal.
Qui a envie d’être à la portée et à la merci du guet-apens, à ciel ouvert, mû par des rêves dictatoriaux, qui a fini de rendre ce pays invivable?
En temps normal, sans avoir à craindre que les forces interlopes ne soient sous une protection d’Etat, je serai resté au Sénégal pour y apporter, dans tous les domaines, un réseau d’expertises, d’investissements, de savoirs et savoir-faire…
En être réduit à devoir alerter le monde parce que conscient de ce que des hordes de gangsters, perpétuateurs du pouvoir sanguinaire et propagandiste qui a mis par terre le pays, y sévissent, me contraignent à penser que s’en éloigner et avertir le monde sont les seules parades pour ne pas faire le bonheur des assassins de la République.
La peur n’existe pas dans mon vocabulaire. Je l’ai prouvé à nouveau à leur grand desespoir sans qu’ils aient la dignité de l’admettre aussi publiquement qu’ils se livraient, malhonnêtes, à une entreprise pour destabiliser quelqu’un qui n’est rien d’autre qu’une blanche colombe. Leur bave de crapaud reste en apnée loin de l’oiseau immaculé.
Le Sénégal sait. Son peuple se demande: qu’est-ce qui a rabattu le caquet aux perroquets de la presse et de la justice, de la sécurité, unanimement défaits par le Roc Gaye ? Mieux vaut me demander d’aider le Sénégal que de vouloir me combattre et de toujours mordre la poussière, Etat, médias, justice ou autres, l’issue est à l’identique.
Ouvrez les yeux, de grâce, je suis tanné de vous écraser malgré tous vos plans et collusions. Ayez pitié de vos personnes et institutions, nguir Yallah !
La victoire est douce. Je la savoure. Avec gratitude à Dieu…Moy Alhamdoulilahi !
Adama Gaye* est un citoyen Sénégalais engagé dans la lutte pour la démocratie, la bonne gouvernance et l’Etat de droit…