Moussa Faki Mahamat, indexant les hésitations des partenaires et du secteur privé : «La souveraineté alimentaire et nutritionnelle devrait être l’âme de notre nouvelle libération de la dépendance alimentaire…»
La transformation agricole de l’Afrique passe par les moyens financiers. Et, sur ce plan, les partenaires et le secteur privé ne semblent pas trop emballés par les projets d’innovation agricoles. Ce qu’a déploré le président de la Commission de l’Union Africaine (UA). Moussa Faki Mahamat a indexé le peu d’empressement des partenaires et acteurs privés, mais aussi leur manque de confiance pour prendre en charge le financement du combat pour la souveraineté alimentaire. Alors que cela semble être le meilleur moyen pour l’Afrique de faire face aux facteurs exogènes et autres changements climatiques et leurs conséquences sur les populations. «Je ne peux m’empêcher de pointer du doigt, les hésitations des banques et institutions financières, j’espère que l’exemple de BAD fera date, la déficience du secteur privé toujours hésitant et dubitatif vis-à-vis du secteur agricole, le scepticisme des partenaires à l’égard des modèles innovants et des réussites locales», a relevé Moussa Faki Mahamat. Une situation qui, de l’avis du responsable de la Commission de l’UA, peut déboucher sur des crises et des tensions sociales lourdes de conséquences.
D’où l’urgence d’agir pour une renaissance agricole et la conquête d’une libération alimentaire sans laquelle, les pays africains ne peuvent prétendre à une quelconque liberté. «Je suis depuis longtemps arrivé, avec d’autres, à la conviction que la terre et les hommes en Afrique appellent à une vraie renaissance de l’économie agricole. Dans le temps africain actuel, la souveraineté alimentaire et nutritionnelle devrait être l’âme de notre nouvelle libération de la dépendance alimentaire, fluctuations des marchés des cours céréaliers» a-t-il dit.
Pour lui, l’Afrique ne pourra jamais être libre tant qu’elle ne se sera pas affranchie de sa dépendance alimentaire. «Comment nous considérer comme hommes libres alors que nous dépendons, pour vivre, des vivres d’autrui ?», s’est-il interrogé. Soulignant le potentiel du continent qui dispose d’une population d’environ 1,4 milliard d’habitants, dont une majorité de jeunes, détient 65% des terres arables non exploitées dans le monde et d’un énorme potentiel hydrologique, le responsable africain dira que «l’Afrique tient entre ses mains les atouts de la souveraineté alimentaire et l’occasion de faire des économies substantielles sur les importations de produits céréaliers».
UNE AGENCE AFRICAINE DE SÉCURITÉ ALIMENTAIRE, EN CHARGE DE LA COORDINATION DES INTERVENTIONS… SUR LE CONTINENT
Mais, cela doit passer une mise en œuvre concertée des plans et programmes continentaux comme le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA), la Stratégie de Malabo, entre autres. «Il est temps, pour l’Afrique, de mettre en œuvre des solutions novatrices présentées dans sa position commune, dans le contexte des cadres de développement existants notamment l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, la Stratégie de la Déclaration de Malabo, la Zone de libre-échange continental africaine (ZLECAF) et les PDDAA. Ces instruments constituent un socle de granite pour cette vraie renaissance agricole et agroalimentaire que nos peuplent appellent de tous leurs vœux», a-t-il expliqué.
A cet effet, le président de la Commission de l’Union Africaine a annoncé l’arrivée du projet de l’Agence africaine de sécurité alimentaire. Une agence qui aura en charge la coordination des interventions en matière de sécurité alimentaire sur le continent. L’ancien Directeur exécutif du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), en anglais) et ancien Premier ministre du Niger, Dr Ibrahim Assane Mayaki, a été désigné comme Envoyé spécial de l’Union Africaine chargé des systèmes alimentaires.
Woré Ndoye